Les pionniers des explorations.
Longtemps le Laos a été très peu connu de l’Occident. Un certain nombre de connaissances sur le pays ont été rapportées par quelques précurseurs, notamment des religieux.
Henri Mouhot entreprend la première véritable étude géographique et scientifique du Laos, mais il meurt de fièvre tropicale en 1861. Son étude ne présente pas d' informations sur le karst laotien.
Par la suite, plusieurs missions sont regroupées sous le nom “la mission Pavie” (du nom de son chef Auguste Pavie). Cette mission est constituée de topographes, géographes, géologues, médecins, etc. et en quelques années ils feront une carte détaillée du pays.
Le 28 février 1889 Paul Cupet et Henri Counillon traversent en pirogue les 7,5 km de la grotte de Nam Him Boun (la rivière de la roche calcaire), province du Khammouane. Mais ils n’étaient pas les premiers, ayant été chaque jour devancés par les Laotiens de la région.
En 1902 Paul Macey, membre de la mission Pavie, a exploré la perte de Tham Heup qui est utilisée par les laotiens comme accès principal aux villages du poljé de Ban Na, un espace presque fermé et entièrement entouré de hautes falaises verticales. La mission Pavie a aussi repérée la grotte de la Xe Bang Fai, mais sa traversée a été réalisée quelques années plus tard par Paul Macey et son équipe franco-laotienne. Les presque 6.5 km de la cavité ont été entièrement traversés en radeau entre le 30 Mars et le 1er avril 1905.
En 1927 parait la première étude géologique détaillée de la région, comme la suite des principaux travaux sur le karst de Jacques Fromaget. Une autre étude est celle de Louis Cuisinier de 1935 qui s’appuya sur les travaux de Fromanget.
Mais la spéléologie proprement dite est de nouveau pratiquée à la fin des années 1940 : Rachou et Roz explorent de nombreuses cavités fossiles de la région de Mahaxai. Henri Cassan et sa femme Marie, Robert Sacco et Vo-Van-Hanh explorent du 9 au 13 décembre 1948 la grotte Marie Cassan située à Ban Tha Thot et ils en dressent la topographie.
En mars 1953, Cassan et sa femme, reviennent parfaire l’exploration et surtout les observations. Ensuite l’équipe se déplace à la perte de Tham Deua, à 5 km de distance. Ils y découvrent une salle richement concrétionnée de 300 mètres par 70. Par la suite de circonstances historiques en 1954, ces explorations ne purent être poursuivies par Cassan, qui était alors officier français.
Pendant toute la guerre du Vietnam, une partie significative des cavernes du Khammouane furent utilisées par les populations et les militaires, notamment en raison des bombardements. Les grottes sont utilisées comme caches, abris, dépôt, hôpitaux etc.
Les explorations de 1991 à 2009.
En 1991 une première reconnaissance d’ensemble du karst de Khammouane est effectuée par Claude Mouret et son équipe. De nombreux phénomènes karstiques furent repérés : les grottes de Tham En, Marie Cassan et diverses pertes et résurgences, notamment Koun Nam Hok.
En 1992 Claude Mouret et son équipe topographie Tham En, une grotte longue de 1980 m et possédant l’un des plus larges porches du monde 155 m au plus étroit et environ 215 m à l’aplomb de la fin de la voute.
Avril 1994 l’équipe C Mouret a exploré la grotte de Nam Hin Boun sur 11,3 km et celle de la Nam Non sur 5,3 km. Ces deux cavités se révélent tout à fait hors du commun par le gigantisme de leurs galeries.
En 1995 la même équipe topographie 9 km de galerie dans le système de la grotte de la Xe Bang Fai, dont la totalité de la rivière souterraine s'étire sur 6.5 km.
Février 1996, Claude Mouret et son équipe explorent plusieurs cavités près de poljé de Ban Vieng repéré en 1991. Ils explorent la grotte de Tham Houai Sai et celle de Tham Kagnung. Ils repèrent aussi un lac karstique près de Thakhek.
En 1997 ils retournent à la grotte de Nam Him Boun où ils découvrent de nouvelles galeries, près de 1,1 km.
La grotte de Nam Non, développe maintenant 9 km. Tham En et Tham Thon ont été explorées respectivement sur 2,6 km et 3,6 km.
En 1998 ils topographient Tham Heup 2,2, km et Tham The environ 2,2 km, deux traversées complètes. Deux autres grottes fossiles de haut niveau sont explorées : Tham Nam Thieng et Tham Nong Hoy. Claude Mouret a fait des observations morphologiques et François Brouquisse des analyses d’eau.
1999 le réseau de la Nam Non fut porté à 22,1 km.
En 2000 dans le poljé de Ban Vieng, C. Mouret et l’équipe découvrent dans la grotte de Tham Nong Kha des figures pariétales à l'ocre rouge et noire. C’est la première grotte ornée découverte au Laos.
Toujours en 2000 une équipe de plongeurs, coordonnée par Hubert Foucart, explorent 4,2 km de galeries exondées dont 1,5 km de galerie noyée. Ils explorent aussi 2,2 km dans la grotte Houay Sam Boun.
2001 dans le même poljé, Ban Vieng, ils ont exploré les grottes de : Tham Houai Sai, Tham Kagnung, Tham Koun Houai Feuang et Tham Lo. François Brouquisse et son équipe, sous l'égide de l'Association Pyrénéenne de Spéléologie, réalisent la topographie sur 25 km de galeries souterraines dans 33 grottes. Dans Tham Lom ils explorent 7 entrées à plusieurs étages sur une distance de 4,5 km. La jonction du nouveau système, Tham Thon avec Houay Sam Boun, développe 13,3 km. La grotte Tham Thon est la 3ieme traversée de Laos après Nam Hin Boun et Xe Bang Fai.
La poljé Ban Boumlou, où se trouve l’entrée dans Tham Khoun Nam Pakan 2, est le principal objectif de l’équipe franco-italienne de février 2003. Ils réalisent la topographie sur 5,2 km. Ils découvrent ici une salle énorme de 120 m x 140 m.
Février 2004 l’équipe franco-italienne, dirigée par François Brouquisse, porte l'exploration de Tham Khoun Nam Pakan à 29,5 km . Autour de Thakek ils explorent 1,5 km de galerie dans Tham Lom. Dans la zone Mahaxay ils topographient 2,6 km de galerie dans Tham Touao. Le total topographié pour 2004 est porté à 12,1 km de galeries.
2006 – l’équipe de C Mouret avec Richard Huttler et Laurent Mestre (initiateurs de projet 2010) ont exploré 15 km de nouvelles galeries. 900 m de galeries immergées et 1 km après les siphons. Dans Tham Phi Seua la grotte qui présente le plus grand dénivelé du Laos avec + 480 m et plusieurs sorties sont explorées vers la jungle.
L’équipe de C Mouret retourne sur la Xe Bang Fai en 2007 et poursuit les explorations, dans la partie amont.
Deux membres du projet Laos 2010, Richard Huttler et Tudor Marin participent à l’expédition en 2008. L’équipe a exploré et topographié sur environ 5 km de galeries dans le karst de Khammouane. Dans le cadre de cette expédition coordonnée de Charles Ghommhid et de Claude Mouret 4 résurgences et plusieurs pertes sont repérées et sont aujourd'hui les objectifs du projet Laos 2010.
Janvier 2009 Richard Huttler et Laurent Mestre organisent une petite expédition pour préparer l’expédition de 2010. Les résultats sont importants pour notre projet : 3 secteurs repérés, 6 résurgences repérées, 3 grottes découvertes, 3 résurgences revues pour redimensionner la logistique d'exploration.
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